vendredi 30 novembre 2012

Premier extrait du "Soleil se couche à l'Ouest"



 Voici un extrait qui se trouve dans l'introduction de mon livre:

"Dès le début de l’utilisation du terme Occident, on note toujours un clivage qui n’était au départ que géographique, basique, physique. Pourtant, on en a fait une notion figurée, morale, culturelle, civilisationnelle , une notion somme toute désincarnée, ce que les spécialistes appellent un changement sémantique(1).
On a dénommé les deux faces de l’Empire Romain. L’Orient et l’Occident, lorsque celui-ci dut se séparer, un peu à la manière de la représentation du  dieu  romain Janus qui représente la séparation du monde des hommes de celui des esprits. Celui-ci a deux visages qui regardent à la fois l’Est et l’Ouest. Ainsi naquirent l’Empire Romain d’Occident, d’un côté, et l’Empire Romain d’Orient de l’autre, comme si on ne pouvait s’empêcher de représenter  deux côtés de la face du Monde, deux antinomies, deux visages.
Cela s’est alors concrétisé en 395, lorsque ces deux empires se sont scindés en deux entités distinctes, dirigés par les deux fils de Théodose 1er. Il est curieux de voir toujours les racines de notre vision idéologique plonger aussi loin. Car de la naissance de ces deux facettes, sont nées progressivement deux religions chrétiennes distinctes(2). Rome fit face à Byzance. L’Occident comme notion fondatrice d’une civilisation naquit.
Il est à noter que le terme occidental, adjectif dérivé d’Occident, arrive bien plus tard. Il nait aux alentours du règne de Charlemagne, qui cherchait à fonder sa légitimité comme Empereur. Encore ici, on voit bien un lien avec la notion d’Empire, de domination, d’organisation d’un espace politique autour d’un pouvoir fort ne pouvant qu’être légitimé par son obédience divine et son organisation centralisée, civilisationnelle.
En effet,  nous avons là la création d’un espace politique fortement hiérarchisé et imposant une unité territoriale grâce aux structures directives, appui du pouvoir : comme une armée forte qui conquiert de nouveaux territoires, des fonctionnaires qui relayent les ordres, transmis aux comtes, qui gèrent leurs terres  acquises à l’Empire suivant les directives de celui-ci, les capitulaires, ordres direct émanant du pouvoir, les églises relayant la paix sociale et l’obéissance  à l’Empereur, en étant étroitement associées à celui-ci, le Pape devant couronner l’homme pour en faire un Empereur, ce qui fut fait pour Charlemagne  en l’an 800.

L’Occident se définit donc petit à petit comme une réelle civilisation, qui ne peut être  détachée de la notion de pouvoir impérial sur son propre espace et sur les autres, de part sa genèse dans l’Histoire.
On retrouve, encore ici, une opposition forte avec le reste du monde, les autres espaces, les autres territoires et civilisations. Charlemagne instaure des places fortes militaires dans les marches (les limites) de l’Empire afin de conquérir plus de terres grâce à elle ou de les fortifier pour la sécurité du territoire.

L’Occident se bâtit donc avec une structure qui se veut hiérarchique, avec des ordres qui viennent d’en haut, à laquelle la population se soumet pour son bien. Dès le début, il y a bien séparation entre le peuple et ses dirigeants. Il est donc curieux que nos pays européens puissent se réclamer, et de la notion fondatrice de démocratie, le pouvoir du peuple par le peuple et pour le peuple, et de l’appartenance à une civilisation occidentale…On a donc abouti à un non-sens total. Comment peut-on se définir comme européen et occidental ?"

Je vous invite à le lire et à l'acheter si vous voulez en savoir plus et avoir l'explication des notes qui sont apposées, en espérant que vous apprécierez...

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